Mythe personnel

(Vence, 5 février 2005)

Il était une fois une petite fille conçue au sortir du grand fracas de la guerre. Sa mère douce et innocente, et son père, un grand acteur malheureusement pas sur une scène, avaient bien trop à faire pour s’occuper d’elle.
Elle grandit comme poussent les herbes folles, désordonnément et richement. Elle apprit toute seule à faire tout avec du rien et rien avec le tout. Elle était plutôt jolie et habile, et elle aurait été choisie bien vite par un bon mari si un mauvais sort ne lui avait été jeté.
Malgré son charmant visage et son corps vigoureux, lorsqu’elle passait devant un miroir, un voile d’abandon l’enveloppait, tant et si bien que son image était floue.
Elle se crût laide, peu aimable et s’empressa donc d’accepter le premier manant pour amant pour ne pas être oubliée du monde.
A tant de hâte, s’additionna autant de déception… et la succession de ses nombreux amoureux lui valut la réprobation de tous. 
A cela s’ajouta que personne ne prit le temps de reconnaître la valeur de l’or que filaient ses mains inlassablement affairées.
Comme seuls le lac et la rivière reflétaient la douceur de ses traits et de son tendre corps de femme, elle s’en fût sur les chemins, errant à la recherche de son image à la surface de l’eau. 
C’est ainsi qu’elle devint la nymphe des reflets enchanteurs. On retrouve sa trace dans maintes représentations de l’eau. 

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